Témoignage de Issiaka SAWADOGO, opérateur de la coopération Chambéry-Ouahigouya
Non classé 22.04.2023
” Je suis Issiaka SAWADOGO, Coordonnateur du programme de Coopération Chambéry-Ouahigouya de 2007 à 2013, et actuel Directeur de l’Association de Coopération et de Développement des Initiatives Locales (ACDIL), Opérateur de la Coopération Chambéry-Ouahigouya.
A travers les lignes qui suivent, je donne mon appréciation sur l’importance de maintenir le lien entre Ouahigouya et Chambéry dans cette période de crise sécuritaire au Burkina Faso.
En effet, compte tenu du contexte sécuritaire au Burkina Faso en général et dans la zone de Ouahigouya en particulier, depuis plus de cinq ans, il n’a pas été possible pour les acteurs de la coopération à Chambéry, d’effectuer un séjour à Ouahigouya alors que les missions nord-sud et sud-nord sont des occasions pour assurer le suivi-évaluation des actions menées sur le terrain mais surtout pour avoir des échanges mutuellement enrichissants entre les populations des deux territoires. Cette situation aurait pu engendrer, comme cela est arrivé dans d’autres coopérations, un repli, voir une suspension de la relation entre les deux collectivités. Mais fort heureusement, Chambéry a fait sienne l’adage qui dit que « c’est dans la difficulté qu’on reconnait ses vrais amis ».
Dans le contexte actuel, la commune de Ouahigouya a encore plus besoins de l’accompagnement de ses partenaires pour relever les nombreux défis de développement et faire face à l’afflux massif de déplacés internes dans la ville. Et non seulement Chambéry a maintenu le lien malgré la situation mais aussi a su adapter son appui au contexte. Ainsi, tout en continuant à accompagner le renforcement des services municipaux pour leur permettre d’offrir un meilleur service aux citoyens dans le domaine de l’état civil, de l’eau potable et de la gestion des déchets, la coopération met en œuvre d’importantes actions visant à aider la commune à faire face aux nouveaux besoins créés par l’arrivée des déplacés interne qui, en février 2023, étaient au nombre de 146 794, entraînant une augmentation de la population de la commune de 75%.
La poursuite de l’accompagnement de Chambéry a permis à la commune de Ouahigouya de (i) réaliser des salles de classes permettant de recevoir les enfants déplacés internes, (ii) appuyer le relèvement économique des déplacés internes (qui ont tout abandonné derrière eux) à travers la mise en place d’un mécanisme autogéré de micro-crédits aux femmes, (iii) mettre en place des activités culturelles et récréatives qui sont des espaces de sensibilisation sur la paix, la cohésion sociale et le vivre ensemble.
Aussi, le maintien de l’organisation du festival Lafi Bala à Chambéry à l’occasion duquel des dizaines de burkinabè viennent à Chambéry, donne un cadre d’échanges, de création et de renforcement de l’amitié entre les populations et donne une occasion à des artisans de Ouahigouya de faire connaître à l’extérieur et de vendre leurs produits qui ne trouvent plus d’acheteurs sur place puisque les touristes et autres visiteurs sont de plus en rares compte tenu de la situation sécuritaire.
Pour conclure, je dirais que le maintien du lien entre Ouahigouya et Chambéry est très important car arrêter ou suspendre cette relation en raison du contexte actuel voudrait dire qu’on est ami seulement quand tout va bien. Du reste, pour poursuivre son appui avec autant d’efficacité, Chambéry a responsabilisé plus fortement l’Opérateur sur place, a renforcé les échanges par vidéo-conférence entre différents acteurs des deux collectivités et a multiplié les missions sud-nord à l’image du séjour des femmes entrepreneurs de Ouahigouya courant mars 2023 et du festival Lafi Bala. “